Vaccins

La diarrhée peut être mortelle, et les enfants qui souffrent d’infections récurrentes peuvent subir des conséquences à long terme. Fort heureusement, il existe aujourd’hui des vaccins contre les causes de diarrhée les plus mortelles. D’autres vaccins sont également en cours de développement.

L’accès limité et inégal à ces vaccins, conjugué à la baisse des taux de vaccination dans le contexte de la pandémie de COVID-19, rend beaucoup d’enfants vulnérables aux maladies diarrhéiques, et peut entraîner leur décès. Dans un contexte de changement climatique et d’urbanisation rapide, les communautés qui manquent de moyens en matière d’infrastructures ou qui sont plus exposées aux catastrophes naturelles courent un risque plus important de développer des épidémies de maladies diarrhéiques, comme le choléra, ou des épidémies de rotavirus, d’ETEC et de shigelles. Lorsque la maladie se déclare, la cause de la diarrhée est bien souvent inconnue. Les mauvais antibiotiques sont fréquemment utilisés pour traiter les malades, ce qui contribue à renforcer la résistance aux antibiotiques au niveau mondial.

Des vaccins contre le rotavirus, qui est la cause la plus fréquente et la plus mortelle de diarrhée sévère chez les jeunes enfants, sont désormais disponibles et ont un impact significatif dans les pays où ils ont été introduits. Les vaccins contre les rotavirus commencent à faire effet. Néanmoins, la prévalence des infections diarrhéiques causées par les shigelles devrait augmenter. Des vaccins contre les shiguelles et la diarrhée à ETEC, les deux causes principales de diarrhée bactérienne, sont en cours de développement. Des vaccins contre d’autres maladies entériques telles que la typhoïde sont également disponibles ; les scientifiques se penchent sur des vaccins contre une d’autres catégories d’agents pathogènes liés à la diarrhée comme le norovirus, la fièvre paratyphoïde et la salmonellose non typhique.

Des vaccins sont également disponibles pour prévenir le choléra, une maladie diarrhéique communément associée à des épidémies qui affiche actuellement une résurgence alors que le changement climatique et l’urbanisation rapide dégradent les conditions environnementales et les systèmes d’assainissement.

Au vu des pressions exercées par la COVID-19 sur les systèmes de santé et de la baisse des taux de vaccination, ces défis mondiaux nécessitent aujourd’hui de nouvelles actions et de nouveaux investissements.

On recense 6 pathogènes (dont le rotavirus, l’ETEC et les Shigelles), responsables de près de 80 % des infections diarrhéiques. La vaccination contre ces pathogènes pourrait éviter des centaines de millions de morts, et prévenir les types d’épisodes diarrhéiques récurrents qui entravent le développement optimal de beaucoup trop d’enfants. En prévenant la maladie et l’utilisation, correcte ou incorrecte, des antibiotiques, les vaccins permettent également d’éviter le développement d’autres résistances aux médicaments.

Le rotavirus est un virus très contagieux qui peut entraîner des diarrhées. Il s’accompagne souvent de vomissements et de fièvre. Sans traitement, il peut provoquer une déshydratation sévère et la mort. Si chaque enfant ou presque dans le monde est à risque , indépendamment de l’endroit où il vit, les enfants évoluant dans la pauvreté meurent davantage du rotavirus, en raison de l’absence d’accès aux soins d’urgence. Même les cas d’infections à rotavirus moins sévères peuvent avoir des répercussions économiques énormes sur les familles, à cause du coût élevé du traitement.

Contrairement aux bactéries et parasites qui entraînent d’autres formes de diarrhée, les infections à rotavirus ne peuvent pas être prévenues par des améliorations de l’eau, de l’hygiène et des services d’assainissement; ce sont les vaccins qui confèrent la meilleure protection.

Le rotavirus tue plus de 200 000 enfants chaque année. Les avancées quant aux vaccins actuellement disponibles et la recherche sur les candidats de nouvelle génération sont cruciales et garantiront que la vaccination continue à sauver des vies.

Dans les pays où ils sont utilisés, les vaccins contre le rotavirus sauvent des vies et protègent la santé des enfants. À ce jour, plus de 95 pays ont introduit les vaccins contre le rotavirus dans leur programme national de vaccination. Cependant, fmoins d’un nourrisson sur 2 dans le monde—soit plus de 75 millions de nourrissons-y a accès. En Asie tout particulièrement, l’adoption de ces vaccins reste lente. Nous devons faire davantage d’efforts pour en faire bénéficier ces enfants.

Si les vaccins contre le rotavirus étaient introduits dans tous les pays de l’Alliance Gavi (y compris dans ceux qui ne l’ont pas encore introduit), ces vaccins pourraient éviter près de 600 000 décès et environ 900 millions de dollars US en coûts liés aux traitements entre 2018 et 2027.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise que tous les pays incluent les vaccins contre le rotavirus dans leurs programmes nationaux de vaccination.

• Il existe actuellement quatre vaccins disponibles contre le rotavirus à l’échelle internationale.
• Le Vietnam et la Chine disposent tous deux de vaccins contre le rotavirus approuvés au niveau national.

Les pays peuvent se renseigner sur les vaccins disponibles ici: WOMS: Rotavirus et évaluation et comparaison des coûts programmatiques des différents vaccins contre le rotavirus en utilisant le calculateur des coûts liés aux vaccins contre le rotavirus proposé par l’organisation PATH.

Des informations supplémentaires concernant l’introduction des vaccins sont disponibles ici: Conseil ROTA: Comment l’introduire..

Obtenez des données probantes supplémentaires sur l’impact du vaccin contre le rotavirus.

Gavi, the Vaccine Alliance propose aux pays éligibles une assistance dans le cadre de l’introduction du vaccin contre le rotavirus.

L’ETEC et les shigelles sont les principales causes bactériennes de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans. La shigellose et les infections à ETEC découlent souvent de l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Les shigelles peuvent également être transmises par contact d’une personne à une autre. L’utilisation, appropriée ou non, des antibiotiques pour traiter la diarrhée aggrave le problème en renforçant la résistance des pathogènes bactériens aux médicaments. De nombreuses species of souches de shigelles ont ainsi développé une résistance aux antibiotiques d’usage courant, rendant les infections plus difficiles et plus coûteuses à traiter. Les infections bactériennes persistantes ont des conséquences de long terme, comme la malnutrition et les retards de croissance.

Alors que le fardeau des infections à rotavirus diminue grâce à l’avancée du vaccin, des données récentes indiquent une augmentation du nombre de diarrhées aiguës infantiles engendrées par les shiguelles. La recherche de vaccins contre les shiguelles est impérative. Des vaccins contre l’ETEC et les shigelles sont actuellement en cours de développement. L’organisation PATH collabore avec des partenaires des secteurs public et privé pour faire avancer la création de vaccins sûrs, efficaces et abordables contre ces pathogènes. S’ils sont introduits dans les pays ou dans les régions au niveau sous-national où le fardeau de la maladie est important, on estime que les vaccins contre l’ETEC et les shigelles auront un impact significatif sur la santé publique.

Comme les autres formes de diarrhée, le choléra se développe dans un contexte de pauvreté. Mais cette maladie possède aussi une caractéristique particulière : elle se répand et provoque des épidémies, car son bacille (Vibrio cholerae) se propage rapidement. Les familles et les enfants les plus touchés sont ceux qui vivent dans la précarité, dans des zones densément peuplées, et où les systèmes d’assainissement sont inadéquats. De nombreux défis pèsent actuellement sur notre planète : conflits, urbanisation et catastrophes naturelles.

Alors que la communauté mondiale lutte contre ces menaces et fait face à l’insécurité croissante que présente le changement climatique, les épidémies de choléra se font de plus en plus fréquentes. Cette situation place une pression supplémentaire sur des stocks de vaccins anticholériques déjà limités à l’échelle mondiale.

Le vaccin anticholérique oral, qui a été mis à disposition pour la première fois en 2013 dans les stocks internationaux de l’OMS, a permis d’améliorer radicalement la capacité à contenir rapidement les épidémies de choléra. Le vaccin anticholérique oral est sûr, économique, facile à fournir et efficace. Malheureusement, les stocks de ce vaccin sont très faibles à l’échelle mondiale selon l’OMS. Un renforcement de l’investissement des donateurs est donc urgent dans cette situation critique.

Non seulement les vaccins offrent une protection immédiate pendant les épidémies, mais celle-ci se poursuit pendant deux à trois ans. Des investissements locaux dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène peuvent fournir une prévention à long terme.

Lancée en 2017 par le Groupe mondial de travail pour le contrôle du choléra, la Feuille de route mondiale à l’horizon 2030 vise à réduire de 90 % les décès imputables au choléra d’ici à 2030. La feuille de route définit trois axes stratégiques pour les pays, partenaires techniques et donateurs: une détection précoce et une réponse rapide; une approche ciblée mutli-sectorielle pour prévenir la récurrence du choléra; et un mécanisme de coordination efficace pour le soutien technique, les défenseurs, la mobilisation des ressources, ainsi que les partenariats au niveau local et mondial.