Dans toutes les tranches d’âge, les maladies diarrhéiques entraînent davantage de maladies que les autres affections. C’est en outre la deuxième maladie la plus meurtrière chez les enfants de moins de 5 ans après la pneumonie. Les enfants qui survivent à un épisode de diarrhée mais qui sont victimes d’infections récurrentes sont plus susceptibles de souffrir de handicaps physiques et cognitifs irréparables.
Les maladies diarrhéiques peuvent être évitées et traitées. Nous pouvons mettre fin à des souffrances inutiles grâce aux connaissances et solutions disponibles dès à présent. L’aide à la recherche et au développement de nouveaux médicaments et vaccins peut permettre d’accélérer la fin de cette crise. Les progrès mondiaux sont encourageants. Le nombre de décès a reculé au cours des dernières années. Toutefois, les enfants continuent de tomber malades et doivent survivre aux conséquences de long terme des infections récurrentes. De nouvelles menaces génèrent de nouvelles difficultés et situations d’urgence : citons la COVID-19, la résistance aux antibiotiques, le changement climatique, les migrations et l’urbanisation. Pour inciter à l’action et obtenir un impact durable, nous devons sensibiliser l’option publique à la menace existante, contribuer à améliorer la compréhension des solutions disponibles, et faire avancer la recherche sur de nouveaux outils et des approches créatives.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la diarrhée comme l’émission d’au moins 3 selles liquides ou molles par jour. Également appelée gastro-entérites, les maladies diarrhéiques sont causées par des germes (d’origine virale ou bactérienne) et des parasites qui se transmettent des matières fécales d’une personne infectée à la bouche d’une autre personne, par l’intermédiaire de l’eau, d’aliments, de mains ou d’objets contaminés. Un épisode de diarrhée entraîne des pertes hydriques. La diarrhée a une incidence mortelle lorsque la déshydratation qui en résulte n’est pas traitée. Les nourrissons et jeunes enfants sont tout particulièrement vulnérables à la déshydratation rapide.
Il ne s’agit donc pas d’une interminable liste d’infections face auxquelles nous sommes impuissants.
- Dr. Eric Houpt, Professeur en Santé internationale et Maladies infectieuses, University of Virginia Humanosphere
La diarrhée représente une menace partout dans le monde, mais sa fréquence et son impact sont plus sévères dans les milieux à faibles ressources. Après une infection diarrhéique, la survie de l’enfant dépend souvent de l’endroit où il vit et reçoit un traitement. Dans les pays plus défavorisés, où l’accès aux hôpitaux ou à d’autres formes de prise en charge médicale de base (y compris les solutions liquides administrées par voie intraveineuse (IV)) est souvent limité, les maladies diarrhéiques peuvent provoquer la mort ou des handicaps de long terme.
Les décès dus à la diarrhée surviennent beaucoup plus fréquemment chez les enfants vivant dans la pauvreté pour les raisons suivantes:
Dans le monde, l’eau et l’assainissement insalubres sont les principaux facteurs de risque de la diarrhée. Les nourrissons qui ne sont pas exclusivement allaités ou qui souffrent de carences, ainsi que les jeunes enfants et les adultes immunodéprimés encourent également un risque significatif de contracter la maladie.
Malgré une diminution importante des décès chez les enfants de moins de 5 ans (passant de plus d’un million à 500 000 environ chaque année au cours des 15 dernières années), la diarrhée reste l’un des risques les plus mortels auxquels les enfants sont confrontés. Elle est à l’origine d’environ 9 % de l’ensemble des décès dans le monde chez les jeunes enfants.
Les dernières estimations disponibles sur les décès imputables aux maladies diarrhéiques sont résumées ci-dessous. Les résultats issus des différentes sources sont plutôt homogènes.
Étude sur le fardeau mondial de la maladie (FGM) / Institut pour l’évaluation et les indicateurs en matière de santé (IHME, Institute for Health Metrics and Evaluation)
Dernières estimations: 2019, publiées en 2020 | Groupe OMS / UNICEF d’estimation épidémiologique concernant les mères et les enfants (MCEE, Maternal Child Epidemiology Estimation Group)
Dernières estimations: 2016, publiées en 2018 |
Nombre total de décès chez les moins de 5 ans
5,04 millions | Nombre total de décès chez les moins de 5 ans
5,6 millions |
Nombre annuel de décès imputables à la diarrhée chez les moins de 5 ans
500 664 | Nombre annuel de décès imputables à la diarrhée chez les moins de 5 ans
477 000 |
Pourcentage de l’ensemble des décès imputables à la diarrhée chez les moins de 5 ans
9,9 % | Pourcentage de l’ensemble des décès imputables à la diarrhée chez les moins de 5 ans
8,4% |
Changement:
entre 2010 et 2019, les décès imputables à la diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans ont diminué de 60 %. | Changement:
entre 2000 et 2016, les décès imputables à la diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans ont diminué de 61 %. |
Les décès infantiles imputables à la diarrhée sont en baisse. Les progrès ont été réalisés plus rapidement dans certains pays et régions que dans d’autres. L’étude sur le fardeau mondial de la maladie (FGM) de l’IHME a révélé que, entre 2006 et 2016:
Ces cartes révèlent le fardeau que représente la diarrhée, par zone géographique.
Les 10 pays principaux qui déplorent le nombre le plus élevé de décès infantiles liés à la diarrhée (mesuré en nombre de décès par tranche de 100 000 personnes):
97 854
66 157
31 687
18 788
14 997
13 850
13 185
11 647
11 386
9 916
Notons qu’il peut exister des inégalités significatives au sein de chaque pays, en partie au niveau sous-national. Tandis que la plupart des décès liés à la diarrhée sont encore observés en Afrique sub-saharienne, des pays comme le Mexique, l’Indonésie et le Pérou connaissent toujours des disparités géographiques considérables en termes de mortalité imputable à la diarrhée. Au Mozambique, de gros écarts existent au niveau du fardeau de l’ETEC (Escherichia coli entérotoxigène) et des shigelles: tandis que la région de Cabo Delgado déplore 36,4 décès par tranche de 100 000 enfants, la région de Niassa en recense seulement 7,4 pour 100 000.
Et même si dans de nombreux pays, le taux de diarrhée est très élevé, de façon disproportionnée, dans les zones rurales à faible densité de population, le fardeau absolu des décès se concentre essentiellement dans les zones urbaines densément peuplées. Ces différences sont critiques car elles peuvent aider les décisionnaires à identifier les zones où ils doivent attribuer les ressources.
Nous pouvons obtenir des bénéfices sanitaires en investissant dans des solutions et des stratégies appropriées, puis en incitant les décisionnaires à accélérer les progrès et à finir le travail. Bien souvent, le plus gros obstacle est la perception que l’aide ne sert à rien. Dans le cadre de la diarrhée, cette aide a servi et elle peut continuer à offrir des bénéfices.
- Eileen Quinn, Directrice, Défense et Communications, Centre pour l’accès et l’innovation en matière de vaccins, PATH
La diarrhée peut être évitée grâce aux mesures suivantes:
La diarrhée peut être traitée grâce aux solutions suivantes:
Des solutions simples et éprouvées permettent de prévenir et de traiter la diarrhée. Leur intégration est clé pour avoir l’impact le plus significatif.
Le nombre d’infections diarrhéiques ne diminue pas aussi rapidement que le nombre de décès. Si les décès imputables à la diarrhée ont connu une baisse significative chez les jeunes enfants entre 2000 et 2015, le nombre de cas de diarrhée n’a diminué que de 10 %, d’après l’étude GBD de l’IHME. En 2016 uniquement, plus d’un milliard d’épisodes diarrhéiques ont été recensés chez les jeunes enfants au niveau mondial.
Cela signifie que les enfants survivent, mais qu’ils ne bénéficient pas nécessairement d’un développement optimal. Ou en tout cas, qu’ils pourraient vivre une vie en meilleure santé. L’ampleur du problème est vertigineuse ; pourtant, cette maladie ne reçoit toujours pas l’attention et la priorisation qu’elle requiert de toute urgence.
De nombreuses études démontrent que les infections diarrhéiques chroniques, tout particulièrement au cours des deux premières années après la naissance, peuvent entraîner un handicap de long terme, réduisant de fait la qualité de vie de l’enfant et causant potentiellement un décès prématuré.
Les infections entériques récurrentes, comme celles causées par les maladies diarrhéiques, peuvent être à l’origine d’une inflammation intestinale et infliger des lésions intestinales. Or, une santé intestinale compromise va inhiber l’absorption des nutriments dans le corps. Résultat ? Une malnutrition et des répercussions sur la santé à long terme, comme un retard de croissance physique, des déficiences au niveau du développement cognitif et / ou une susceptibilité accrue aux infections, y compris les maladies diarrhéiques et les pneumonies. C’est en parvenant à une meilleure compréhension de ces enjeux que nous pourrons prendre des décisions efficaces en matière de politiques, et briser le cycle de santé précaire en utilisant des stratégies et des solutions qui fonctionnent de concert.
Nous sauvons aujourd’hui davantage de vies face à la diarrhée, mais quel avenir auront les enfants qui grandissent en étant malades au quotidien ? Si un enfant n’a pas ce qu’il lui faut pour bien grandir au cours de son développement, ces lacunes ne sont pas réparables.
- Dr. Roma Chilengi, Directeur scientifique, Centre de recherche sur les maladies infectieuse en Zambie (CIDRZ, Centre for Infectious Disease Research in Zambia)
Blog DefeatDD
La diarrhée impose un fardeau dévastateur sur les communautés, pas seulement en termes de décès et de maladies, mais également au niveau financier.
Lorsqu’un enfant est confronté à de multiples épisodes diarrhéiques, il se retrouve vulnérable à d’autres infections, à la malnutrition et à un retard de croissance : des risques qui peuvent se répercuter sur sa capacité à grandir, à vivre un développement optimal et à apporter sa contribution à la société.
Car si un enfant attrape une maladie diarrhéique, sa famille doit souvent faire un choix entre son traitement et sa situation financière. Les coûts liés au traitement peuvent imposer des pressions financières considérables sur les foyers tout comme sur les systèmes de santé. Une analyse menée par l’organisation PATH a révélé que dans l’ensemble des 137 pays à faibles et moyens revenus, les coûts modélisés liés aux maladies diarrhéiques chez les enfants s’élevaient en moyenne à 52,16 $ par épisode traité en ambulatoire, et à 216,36 $ par épisode nécessitant une hospitalisation, une partie importante de ces coûts étant dus à la perte de salaire et aux frais de traitement indirects, comme le trajet et l’hébergement. Pour de nombreuses familles, dont un quart de celles incluses dans l’étude réalisée au Malawi, ces coûts sont supérieurs ou égaux aux revenus mensuels de l’ensemble de la famille. Ce type de dépenses plonge souvent les familles dans la pauvreté.
Les décisions en matière de politiques sont prises en fonction des besoins et du fardeau de la maladie au niveau local. Ces ressources vous permettront de vous informer sur la diarrhée dans votre région / pays.
Où trouver davantage d’informations sur les maladies diarrhéiques
OMS / UNICEF
Causes mondiales, nationales et régionales de la mortalité chez les moins de 5 ans entre 2000 et 2015
Étude sur le FGM menée par l’IHME
Taux de décès mondiaux, nationaux et régionaux, d’espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI), d’années vécues avec un handicap (AVH), d’années potentielles de vie perdues (APVP), de prévalence, d’incidence et de mortalité maternelle imputable aux maladies diarrhéiques en 2016.
– Visualisation des estimations du FGM
– Estimations brutes du FGM 2019 à télécharger
– Site Web de l’IHME
Voir également: Estimations mondiales de l’espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI) dans le cadre du fardeau médical à long terme des maladies diarrhéiques.
Nouvelle analyse 2016 de l’étude multicentrique mondiale sur les maladies entériques
Causes des maladies diarrhéiques chez les enfants
WHO/MCEE
Estimations des causes des décès infantiles entre 2000 et 2015
Étude sur le FGM menée par l’IHME
Taux de décès mondiaux, nationaux et régionaux, d’espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI), d’années vécues avec un handicap (AVH), d’années potentielles de vie perdues (APVP), de prévalence, d’incidence et de mortalité maternelle imputable aux maladies diarrhéiques en 2019.
– Visualisation des estimations du FGM
– Estimations brutes du FGM 2019 à télécharger
– Site Web de l’IHME
Compte à rebours 2030
(Comprend les niveaux de couverture des interventions médicales par pays visant à réduire les taux de mortalité chez les mères, les nouveaux-nés et les enfants)
OMS / Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, Centers for Diseases Control)
Estimations mondiales, nationales et régionales de la mortalité imputable au rotavirus chez les enfants en 2016
OMS / Groupe de référence sur l’épidémiologie des maladies d’origine alimentaire (FERG, Foodborne Disease Burden Epidemiology Reference Group)
Estimations du fardeau mondial des maladies d’origine alimentaire
UNICEF
Statistiques concernant les décès, les traitements recherchés pour lutter contre la diarrhée et les traitements administrés (SRO et zinc) par pays
Institut international pour les sciences démographiques (IPPS, International Institute for Population Sciences)
Étude nationale sur la santé des familles, estimations recueillies en Inde
Pour ce faire, les gouvernements et les donateurs doivent placer les maladies diarrhéiques au cœur de leurs priorités. Leurs efforts doivent être intégrés, comme dans le cadre du Plan d’action mondial intégré pour la pneumonie et la diarrhée (GAPPD, Integrated Global Action Plan for Pneumonia and Diarrhoea). Enfin, les défenseurs doivent continuer à agir sans relâche pour exiger une reddition des comptes.
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